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Jusqu'à 27% de CO2 en plus selon une étude : les ralentisseurs provoquent-ils vraiment de la pollution ?

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Il est accusé de dégrader les véhicules, de favoriser la chute des motards. Mais aussi d'accentuer la consommation de carburant, de générer du bruit, ou même de la pollution supplémentaire, pour l'environnement. Le ralentisseur est dans le viseur d'associations, telles que Pour une mobilité sereine et durable (PUMSD), basée dans le Var. Le 30 avril, celle-ci a obtenu que la cour administrative d'appel de Marseille publie un décret, qui oblige les nouveaux ralentisseurs à respecter les normes établies par un décret de 1994.

Sauf que cet arrêt ne reconnaît pas une quelconque pollution causée par les ralentisseurs, alors même qu'une étude de la Ligue de défense des conducteurs avait mesuré celle-ci. "Les véhicules génèrent une pollution hallucinante par rapport à une route plate", martèle ainsi Thierry Modolo, porte-parole de PUMSD, qui décrit une décision de justice "en demi-teinte".

Une pollution "démultipliée" pour les poids lourds

Pour coréaliser son étude avec PUMSD et L'Automobile Magazine, la Ligue de défense des conducteurs a carrément fait construire des ralentisseurs. L'un aux dimensions légales, avec une hauteur de 10 centimètres, "et un autre beaucoup plus élevé", avec une hauteur atteignant 24 centimètres, qui est "régulièrement atteinte par ces installations". Les deux ont été érigés sur route fermée, et les mesures ont été constatées par huissier de justice.

Au volant d'un Peugeot 3008 essence 1.2 PureTech de 130 chevaux, et d'une Renault Clio V essence 1.0 TCe de 90 chevaux, des professionnels ont approché le ralentisseur légal à 40 km/h, freiné jusqu'à 25 km/h pour le franchir, puis ont accéléré doucement jusqu'à 35 km/h dans un double virage. Ensuite, dans une ligne droite, ils ont accéléré doucement jusqu'à 40 km/h, décéléré à 35 dans un virage, et encore accéléré à 40 km/h pour finir par s'arrêter. Le parcours avec le ralentisseur illégal était peu ou prou similaire, mais ils l'ont franchi à 15 km/h.

Selon les résultats de ces mesures, la pollution émise par les ralentisseurs est d'abord sonore. Sur le ralentisseur, en frottant le bouclier du SUV utilisé, la Ligue de défense des conducteurs a mesuré un bruit de 70,2 décibels en passant à 18 km/h. À 15 km/h, le bruit a atteint 65,3 décibels. Sur le ralentisseur légal, avec la Clio, le bruit était au minimum de 61 décibels lors du franchissement.

En termes de carburant, l'étude de l'association a mesuré une surconsommation allant de 10,5 à 13%, en passant sur un ralentisseur légal, en comparaison avec la même route dépourvue de ralentisseur. Avec un équipement illégal, la surconsommation est comprise entre 26 et 28%. "Soit autant d'émissions de CO2 en plus", écrit la Ligue, qui a mesuré une hausse de celles-ci comprises entre 10,4 et 12,6% suivant le véhicule, sur un ralentisseur légal. En franchissant un ralentisseur illégal, la hausse des émissions de CO2 varie de 25,7 à 27,5%. "En ce qui concerne les poids lourds et bus, la pollution induite est bien entendue démultipliée", assure l'association PUMSD, qui évoque des chiffres de consommation "allant de 150 à 200 litres aux 100 kilomètres".

L'expérience française n'est pas la seule à avancer que les ralentisseurs engendrent une pollution plus importante. En 2019, deux chercheurs de l'université technique de Vilnius (Lituanie) ont publié une étude concernant les effets des ralentisseurs sur les concentrations en dioxyde de carbone, monoxyde d'azote et dioxyde d'azote dans l'air ambiant. Selon leurs mesures, "pour les ralentisseurs trapézoïdaux, la concentration en dioxyde d'azote était 1,8 fois supérieure à la normale, celle de monoxyde d'azote 4,3 fois, et celle de CO2 2,2 fois".

Une pollution "pas établie" selon la cour administrative d'appel de Marseille

Reste que la cour administrative d'appel de Marseille n'a pas goûté ces arguments. "Les intéressés n'établissent pas, par leurs allégations très générales, que ces ouvrages présenteraient des inconvénients tenant à des nuisances sonores, des dégradations de confort à bord, ainsi qu'à une augmentation de la pollution des émissions de CO2 et à l'émission d'un nombre considérable de particules fines en raison des freinages accentués, d'une intensité qui justifierait qu'il soit procédé à la démolition de chacun d'entre eux", a-t-elle tranché dans son arrêt rendu le 30 avril dernier.

Malgré tout, l'association PUMSD compte bien prouver une bonne fois pour toutes que les dos-d'âne et autres ralentisseurs trapézoïdaux engendrent une pollution supplémentaire. Elle va se pourvoir en cassation, devant le Conseil d'État, afin de la faire reconnaître. Et obtenir la destruction des ralentisseurs illégaux.

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