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Plan Ecophyto 2030 : « Il y a une volonté manifeste de masquer la vérité » selon le député européen, Benoît Biteau

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L'annonce en conférence de presse était prévue ce lundi 6 mai à trois voix, celles de : Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture ; Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture. Finalement, ce sont trois conseillers techniques des trois représentants du gouvernement qui se sont pliés à l'exercice… De là à en tirer une conclusion sur le contenu… Toujours est-il que le plan Ecophyto 2030 tant attendu n'aura pas accouché d'une montagne même si des moyens...

L'annonce en conférence de presse était prévue ce lundi 6 mai à trois voix, celles de : Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture ; Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture. Finalement, ce sont trois conseillers techniques des trois représentants du gouvernement qui se sont pliés à l'exercice… De là à en tirer une conclusion sur le contenu… Toujours est-il que le plan Ecophyto 2030 tant attendu n'aura pas accouché d'une montagne même si des moyens financiers y sont mobilisés.

Rappelons qu'en 2008 est lancé le premier plan Ecophyto I dont l'ambition est alors de réduire de 50 %, sur dix ans, l'usage des produits phytosanitaires de synthèse en agriculture (herbicides, insecticides et fongicides). 2015, on revoit la copie, l'Ecophyto II reste axé sur l'objectif mais en repousse l'échéance à 2025. Février 2024, face à la colère des agriculteurs, Gabriel Attal décide de mettre le plan « en pause », le temps que le soufflé de la grogne retombe. On revoit la copie. Et de trois… Ecophyto III est avancé et repousse encore une fois l'objectif initial de réduction… à 2030.

1 Un nouvel indicateur déjà contesté

Si l'ambition de réduction des pesticides reste inchangée, l'indicateur pour l'évaluer change. En effet, l'indicateur franco-français Nodu [ndlr, Nombre de doses unités] qui mesurait la quantité de substances actives utilisée par hectare ne sera plus la référence. Le gouvernement lui préfère désormais l'indicateur européen, le HRI-1, qui multiplie les quantités de substances actives utilisées par les coefficients de dangerosité des produits.

Or, selon l'association de défense de l'environnement Générations futures, quand avec le Nodu, était constatée une hausse de 3 % de l'usage des pesticides entre 2011 et 2021, le HRI-1 faisait état d'une baisse de 32 % ! Le député européen écologiste, agriculteur néo-aquitain, Benoît Biteau évoque « un indicateur qui va édulcorer la dérive… On casse le thermomètre au lieu de poser un constat d'échecs sur ces plans Ecophyto. Il y a une volonté manifeste de masquer la vérité. »

Du côté des ministères, on assure que les séries statistiques établies à partir du Nodu ne seront pas effacées mais elles ne feront plus référence. « La continuité sera assurée car le HRI-1 est calculé pour chacun des Etats-membres, et il existe donc un historique pour la France », font-ils savoir.

« Des fonds pour trouver des alternatives ? Mais l'alternative, elle existe depuis longtemps. Elle s'appelle l'agronomie ! »

2 « Pas d'interdiction sans solution »

C'est le mot d'ordre de ce plan Ecophyto III qui est censé apaiser la colère des agriculteurs, du moins celle de certains syndicats agricoles, et qui porte comme ambition de « préserver la santé publique et celle de l'environnement mais également de soutenir les performances économique et environnementale des exploitations ». Le plan déploie des moyens, avec pour 2024 une enveloppe de 71 millions d'euros directement liée au programme Ecophyto, 250 millions d'euros de crédits issus de la planification écologique, dont 146 millions consacrés à la recherche d'alternatives aux substances actives. Sans oublier 300 millions d'euros de crédits issus de France 2030 pour des appels à projets relatifs à la réduction de la dépendance aux phytos.

« Des fonds pour trouver des alternatives ? Mais l'alternative, elle existe depuis longtemps, martèle Benoît Biteau, elle s'appelle l'agronomie ! Et contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, la pratiquer ne prive ni de rendement ni de rentabilité et ne nous éloigne en aucun cas de la souveraineté alimentaire. » Pour le député européen écologiste, « ce qui menace la souveraineté, ce n'est pas la baisse de l'usage des pesticides mais le dérèglement climatique et l'effondrement de la biodiversité accentués par l'usage des phytos de synthèse. On a les réponses et on s'entête à faire fausse route. » Pour l'agriculteur bio de Charente-Maritime, « il faut inverser la PAC et concentrer la majorité des aides à accompagner une agriculture résiliente. »

3 Prévention et réparation

Le plan entend s'appuyer sur des travaux de recherche pour mieux appréhender les risques et les dispositifs de surveillance relatifs aux impacts des substances actives sur l'environnement et l'homme. Il met également l'accent sur les zones de captage sensibles en prévoyant des dispositifs contraignants mais « accompagnés financièrement » avant que « les seuils d'alerte ne soient franchis ». Il s'agit donc de prévenir pour renverser la balance. Parallèlement, Ecophyto III propose aussi des « mesures curatives » avec une enveloppe de 20 millions d'euros destinées aux collectivités victimes de pollutions aux phytos de leur réseau d'eau.

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