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"On aurait dit un petit ange": Alexandra, inconsolable de n'avoir pu sauver Kayla, 6 ans, sur la promenade des Anglais

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Dans l'enfer du 14 juillet 2016 à Nice, des témoins ont fait preuve d'une remarquable solidarité. À l'instar d'Alexandra, qui a porté secours à une fillette fauchée avec sa mère. Au procès en appel à Paris, elle livre un récit touchant.

À Paris, Christophe Cirone Publié le 03/05/2024 à 11:31, mis à jour le 03/05/2024 à 11:31

15 mineurs comptent parmi les 86 victimes tuées sur la Prom' le 14 juillet 2016. Photo d'archives Cyril Dodergny

"Où est-ce que tu as mal?"

Alexandra s'est approchée de la fillette avec "une petite jupe", étendue sur la Prom' foudroyée. Un camion blanc vient de faucher des centaines de piétons. Dont des enfants. Dont Kayla, 6 ans. Kayla, qu'Alexandra va désespérément tenter de sauver. Sans succès.

Huit ans après, Alexandra raconte son 14-Juillet devant la cour d'assises spéciale, ce jeudi à Paris. Ses cheveux rose bonbon couronnent sa fine silhouette, dessinée par une anorexie ancienne et parée de noir. L'attentat de 2016 à Nice, Alexandra l'a vécu "en deux temps". Elle a d'abord plongé "comme un gardien de but" pour éviter "cette mort qui [lui] est arrivée dessus". Puis elle a porté secours à la petite Kayla.

"T'inquiète pas, ça va bien se passer"

"Où est-ce que tu as mal?", lui demande Alexandra, 38 ans à l'époque. La petite l'autorise à soulever sa jupe. "J'ai vu un trou béant. J'ai mis ma main droite sur le trou. Et la gauche, aussi." Dévastée, Alexandra revoit la petite métisse aux longs cheveux frisés. "On aurait dit un petit ange... Elle n'a jamais pleuré une seule fois, cette petite. Elle a demandé sa maman. Elle était un mètre derrière, en train de mourir. Heureusement, la petite ne la voyait pas."

Cristina de Assis Ribeiro a succombé sur cette promenade des Anglais qu'elle arpentait avec ses trois filles. Mais Alexandra n'en a rien dit à Kayla. "À la petite, je lui ai menti, s'étrangle-t-elle. Je lui ai dit: "T'inquiète pas, ça va bien se passer...""

"Vous avez essayé"

Une demi-heure s'écoule. Les secours la relaient. "J'ai pu enlever mes mains de la petite, et courir chercher des policiers. Quand je suis revenue, ils étaient en train de la mettre dans l'ambulance." Un "monsieur blond" se penche vers Kayla. Alexandra s'en étonne. "C'était déjà "ma petite" alors que je ne la connaissais pas. Quand elle a levé les yeux vers lui en disant "papa", j'ai compris... »

L'ambulance fonce vers les urgences. "J'étais persuadée qu'on l'avait sauvée", pleure Alexandra. Mais quelques jours plus tard, elle reçoit le SMS de Kevin, un serveur présent ce soir-là. "Il me dit que Kayla n'avait pas survécu. Qu'elle avait perdu trop de sang."

Aujourd'hui encore, Alexandra paraît inconsolable. Le président Christophe Petiteau tente de la réconforter. "Madame, vous avez essayé. Je pense que tout le monde vous remercie pour ce que vous avez fait ce jour-là. L'important, c'est d'aider avant tout. J'espère que vous ne vous sentez pas responsable de tout ça." Avant de quitter la salle, Alexandra répond: "Si seulement..."

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