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Benoît Payan : « Marseille est l'avenir du pays »

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ENTRETIEN - La renaissance de sa ville, Emmanuel Macron, Raphaël Glucksmann... Rencontre avec l'ancien socialiste qui s'est facilement glissé dans le fauteuil de Gaston Defferre.

Benoît Payan à la mairie de Marseille, vendredi. (Crédits : LTD / CLÉMENT MAHOUDEAU/RIVA PRESS POUR LA TRIBUNE DIMANCHE)

Cela fait maintenant trois ans et demi que Benoît Payan a pris place dans le vaste bureau du maire de Marseille, qui offre une vue grandiose sur le Vieux-Port. Son arrivée s'était faite dans des conditions un peu particulières. L'ancien socialiste avait remplacé Michèle Rubirola, l'écologiste élue en juillet 2020 grâce à une coalition de gauche qui avait pris le nom de Printemps marseillais, mettant fin aux vingt-cinq ans de l'ère Gaudin. Mais, cinq mois après son élection, elle avait démissionné et Benoît Payan, son premier adjoint, s'était alors fait élire maire par le conseil municipal. Une drôle d'histoire qui lui a valu à ses débuts un procès en légitimité. Depuis, l'homme de gauche s'est taillé une certaine popularité dans la cité phocéenne. Il est largement aidé par Emmanuel Macron, venu lui rendre visite six fois en trois ans, en mettant sur la table 5 milliards d'euros pour métamorphoser la ville à travers le plan « Marseille en grand ». Avant l'arrivée spectaculaire de la flamme olympique dans le Vieux-Port mercredi, le maire de la ville dans laquelle il est né il y a quarante-six ans a reçu La Tribune Dimanche.

LA TRIBUNE DIMANCHE- La flamme olympique arrive mercredi à Marseille. À quoi ressemblera la cérémonie?

BENOÎT PAYAN- Ça va être incroyable! Le Belem va arriver en rade nord, suivi par des centaines d'embarcations, des drapeaux, des pavillons, qui donneront à observer un spectacle maritime fou. De la corniche ou de beaucoup d'autres points de vue, on va voir cette parade maritime, une armada. L'Orchestre philharmonique de Marseille jouera au moment de l'entrée du Belem dans le Vieux-Port, pendant que le bateau arrivera lentement jusqu'à la piste de 100 mètres qui sera construite sur l'eau. Je suis né ici, mes parents, grands-parents et arrière-grands-parents aussi, nous n'avons jamais vu un truc pareil.

L'idée est-elle d'exposer Marseille aux yeux du monde entier ?

D'abord, nous avons montré que c'était une ville qui savait accueillir des événements mondiaux, avec la Coupe du monde de rugby ou encore la venue du pape en septembre dernier. Marseille, ce n'est pas simplement ce qu'en disent les médias à Paris, qui ne parlent que des règlements de comptes, qui font des raccourcis, qui nous resservent les images d'Épinal. C'est une ville beaucoup plus complexe que cela, c'est une âme particulière. Cette ville est une cité-État, dont la France a besoin et qui a besoin de la France. Elle est l'avenir du pays et il faut être capable de le montrer.

Près de 6000 policiers seront déployés mercredi, plus que lors de la venue du pape. Y a t-il des craintes sur le plan sécuritaire ?

Au moment où l'on parle, il n'y a pas d'alerte particulière, mais il faut être extrêmement vigilant. Une fête qui rassemble plus de 150000 personnes au même endroit avec une ingénierie aussi complexe nécessite des moyens évidemment exceptionnels, et le ministre de l'Intérieur les a mis. En tout, près de 8500 personnes seront déployées sur l'événement. Nous avons voulu organiser le Vieux-Port comme un immense stade. Ça ne peut donc pas être un lieu ouvert aux quatre vents, ça n'existe pas. Mais tout le monde pourra venir, nous avons voulu faire de cette cérémonie une fête très populaire, ouverte à tous et gratuite.

Une association marseillaise de défense de l'environnement a refusé de porter la flamme olympique en raison de la présence de Coca-Cola comme parrain officiel. Comprenez vous leur choix ?

J'entends ce qu'ils disent. Le combat qu'ils mènent est juste et sain. J'ai voulu faire de  cette arrivée de la flamme un moment où l'on est extrêmement attentif à la question écologique. Nous avons fait en sorte que les travaux de la marina soient écologiquement responsables. Je peux comprendre des associations qui butent face à des gens dont elles considèrent qu'ils n'ont pas fait assez d'efforts.

Cette ville est une cité-État, dont la France a besoin et qui a besoin de la France

Des JO écoresponsables, est-ce vraiment possible ?

C'est ce que veut Paris 2024 et, en tout cas, ici, c'est ce que je fais. Par exemple, il y aura un feu d'artifice bio. Nous sommes allés chercher les techniques les plus pointues, ce sont des confettis biodégradables qui vont se dissoudre très rapidement dans l'eau et qui ont été développés pour préserver la biodiversité et l'environnement. Ça n'est jamais parfait mais il faut pousser les entreprises à aller de plus en plus loin dans la recherche scientifique pour pouvoir s'améliorer. Ce serait impensable d'abîmer la nature.

Le plan Marseille en grand a été lancé en septembre 2021 par Emmanuel Macron. Quel bilan en faites-vous ?

Ça a été une aventure formidable. Quand le président m'a dit après mon élection « Il faut qu'on se voie », j'ai tout de suite dit oui. Nous avons parlé librement de Marseille. C'était la première fois que je rencontrais un homme politique non marseillais qui comprenait la ville. Il n'a pas voulu m'expliquer la ville comme certains le font et tombent systématiquement dans des caricatures. Il avait des idées assez claires sur ce que pouvait devenir Marseille car il a un réel attachement à cette ville. Et même si je ne suis évidemment pas de sa sensibilité politique, ça serait malhonnête de lui retirer ça. Ce qu'il a réussi à faire pour la ville reste historique. Nous allons pouvoir remettre Marseille là où elle doit être, une grande capitale pour le pays, maritime, culturelle, économique. D'ici à la fin de l'année, quinze écoles vont être inaugurées, ce qui correspond à ce qu'a réalisé l'ancienne majorité en vingt-cinq ans. Grâce à ce que nous avons fait avec le président de la République, c'est le retour de Marseille ! Jusqu'alors, la ville ne s'était fabriquée que par les fracas de l'Histoire, par vagues d'immigration successives. Aujourd'hui, les gens choisissent de venir vivre à Marseille; c'est un bouleversement historique. C'est compliqué de devenir français, c'est facile de devenir marseillais. Pour devenir niçois, il faut sept générations. Pour devenir marseillais, il faut sept secondes. Et ça, c'est un trésor.

Emmanuel Macron est pourtant battu à toutes les élections, ici. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?

L'amour, c'est quelque chose de très complexe. L'amour qui dure le plus longtemps, c'est celui qui ne reçoit pas de réponse. Avec Emmanuel Macron, je n'ai eu aucun deal. Et c'est pour ça que j'y suis allé en confiance. Ça n'est pas courant en politique. Finalement, j'ai l'impression que la question de savoir si les Marseillais lui sont reconnaissants ou non n'est pas son sujet.

Êtes-vous aujourd'hui l'homme de gauche le plus Macron-compatible ?

Non. Mais le sens que je veux mettre dans mon engagement m'interdit de ne regarder le président de la République qu'avec nos différences. Savoir dire merci fait partie du minimum qu'on puisse faire quand on fait de la politique et qu'on est d'abord soucieux de faire avancer sa ville. Bien sûr que plein de choses peuvent nous rassembler, mais il y a aussi beaucoup de choses qui peuvent nous éloigner.

Comme quoi ?

Aujourd'hui, la politique du gouvernement est une politique de droite et je ne suis pas de droite. Les choses sont assez simples.

Que pensez-vous de la tournure que prend le débat à gauche dans la campagne des européennes ?

C'est dommageable de voir que, au lieu de se concentrer sur ce que pourrait être un projet européen et sur le combat contre l'extrême droite, certains font de Raphaël Glucksmann l'homme à abattre de cette élection parce que les sondages les inquiètent. Je trouve le débat national assez pitoyable. On gagnerait à gauche et à droite à relever le niveau. La gauche mérite mieux que des tweets, des phrases définitives, des coups de semonce, des divisions.

Vous vous êtes dit favorable à une évolution du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille, comme envisage de le faire le gouvernement. Pourquoi ?

J'ai été le seul dans mon camp à dire que c'était une bonne chose. L'idée de dire « un Marseillais, une voix; un Lyonnais, une voix ; un Parisien, une voix », comme à Toulouse, comme à Nantes, comme partout, est la chose la plus simple qu'on puisse imaginer. Je ne comprends pas bien qu'on puisse s'opposer à cela. Mais il y a une condition, que ça soit réellement une réforme de simplification. Le chef de l'État me trouvera à ses côtés si la réforme fait revenir Marseille, Paris et Lyon dans le droit commun. Si c'est pour créer de nouvelles exceptions, complexifier le vote ou élaborer des dosages particuliers, je ne marcherai pas.

Avez-vous le sentiment d'avoir gagné le procès en légitimité qui vous a été fait lorsque vous avez succédé à Michèle Rubirola ?

Souvent les gens font des procès politiques, et à la fin ce sont les Marseillais qui

choisissent.

Les Marseillais auront-ils l'occasion de vous choisir en 2026 ?

On verra. Je vais laisser tous ceux qui veulent que Marseille revienne dans les années 1980 se battre, se diviser, s'opposer. Je vais laisser tous ceux qui veulent que « Marseille en grand » ne fonctionne pas commenter, s'agiter et s'exciter. Et moi, je vais rester au travail.

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