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Cannes 2024: «Furiosa» ne répète pas le miracle «Fury Road» (et c'est pas grave)

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Le choix était risqué: alors que le générique de fin de Furiosa commence à défiler, les crédits sur fond noir sont entrecoupés de certaines des scènes les plus mémorables de Mad Max: Fury Road. Comme pour les biopics qui décident de s'achever sur de vraies images d'archives des stars qu'ils dépeignent, la comparaison pique un peu. Elle nous rappelle immédiatement tout le brio de l'œuvre originale… Et souligne l'incapacité de Furiosa à s'y mesurer.

Présenté hors-compétition au Festival de Cannes en 2015, Fury Road était un concentré assourdissant d'action effrénée. Une expérience de visionnage ahurissante, fruit d'une production à rallonge et d'un tournage monstrueux ayant traumatisé son équipe. Neuf ans après, George Miller revient sur la Croisette présenter un préquel plus sage, intégralement centré sur le personnage de Furiosa (incarné par Charlize Theron dans le film d'origine et par Anya Taylor-Joy ici).

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Fury Road était un miracle cinématographique impossible à répliquer. Le cinéaste, qui en était très certainement conscient, a donc choisi de bifurquer. Bavard là où Fury Road était mutique, explicatif là où Fury Road était elliptique, Furiosa est un tout autre engin, plus lent et plus prudent. Ponctué de grandioses séquences d'action, il ne possède malheureusement pas la puissance implacable de son prédécesseur.

Plus calme et plus conventionnel

Toute la radicalité de Fury Road résidait dans l'épure absolue de son intrigue, qui consistait plus ou moins à suivre nos personnages d'un point A à un point B (avant de revenir de nouveau au point A). Pour ce préquel, George Miller préfère au contraire creuser la mythologie de son héroïne, risquant à plusieurs reprises de s'embourber dans une narration inutilement détaillée. Pendant ces deux heures et trente-huit minutes, l'Australien ralentit régulièrement son intrigue et alourdit le récit, que ce soit à l'aide d'un découpage en chapitres superflu ou de ses différents panneaux s'assurant que l'on a bien capté l'identité de chaque lieu.

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Alors que Fury Road nous entraînait dès ses premières minutes dans une course folle sans jamais relâcher la pédale, le cinéaste prend ici le temps d'installer son récit, quitte à le faire de manière plus conventionnelle. Le film démarre lors de l'enfance de Furiosa, arrachée à sa famille et son havre de paix (une «terre d'abondance» en pleine apocalypse nucléaire) lorsqu'elle est kidnappée par un groupe de barbares. Malgré plusieurs tentatives de fuite, elle est adoptée par Dementus (Chris Hemsworth), bouffon sanguinaire et principal antagoniste du film, qui tue la mère de la petite fille sous ses yeux. S'ensuivra un récit de vengeance fait de nombreux détours.

Un univers toujours aussi captivant 

Même l'expérience sonique est différente: après la saturation musicale et sensorielle immédiate de l'opus précédent, la première heure de Furiosa surprend par son calme.

Le nouveau film peine également à recréer une galerie de personnages aussi emblématiques et attachants que le précédent -on se souvient encore du War Boy incarné par Nicholas Hoult, des jeunes Épouses jouées par Zoë Kravitz, Riley Keough et Rosie Huntington-Whiteley, et évidemment, du cultissime guitariste lance-flammes. Quant à l'amusant méchant de Furiosa, Dementus, son potentiel grotesque aurait mérité d'être davantage exploité.

Un seul personnage secondaire tire véritablement son épingle du jeu: Pretorian Jack, incarné par un Tom Burke (The Souvenir) toujours incroyablement charismatique. Les séquences les plus émouvantes et haletantes du film sont celles qui l'unissent à Furiosa et exploitent au maximum l'alchimie entre les deux acteurs.

Action toujours ébouriffante 

Cela ne signifie pas pour autant que Furiosa n'est pas une réussite. La construction de l'univers postapocalyptique, notamment, est toujours aussi jouissive. On retrouve avec plaisir les lieux emblématiques comme la Citadelle, les War Boys et leur teint crayeux, ainsi qu'une certaine obsession pour les tétons et le lait maternel. Et l'on est toujours aussi galvanisé face à la détermination de Furiosa, une des meilleures dures à cuire du cinéma contemporain.

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Mais au fond, les plus grands accomplissements de Furiosa restent les mêmes que ceux de Fury Road: les séquences d'action d'une maîtrise éblouissante. De la première course-poursuite à moto, aux séquences d'assaut du porte-guerre au milieu du désert, le cinéaste de 79 ans prouve une nouvelle fois tout son talent et son inventivité.

Propulsés par la bande-son énervée du musicien néerlandais Junkie XL, on observe les cascades renversantes et les bécanes qui volent dans les airs en retenant son souffle. Même si, face à l'aspect légèrement désincarné des nombreuses images de synthèse, on se dit aussi que les effets pratiques de Fury Road nous manquent un peu.

Furiosa - Une saga Mad Max

De George Miller

Avec Anya Taylor-Joy, Chris Hemsworth, Tom Burke

Durée: 2h38

Sortie le 22 mai 2024 

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