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Ahramat, le bras du Nil qui en dit long sur la construction des pyramides d'Égypte

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Des scientifiques assurent avoir découvert le tracé d'un ancien bras du Nil, baptisé Ahramat, qui se trouve à proximité immédiate d'une trentaine de pyramides, dont celles de Gizeh. La fin d'une part du mystère autour de la construction de ces édifices qui fascinent aussi bien la communauté scientifique que le grand public ?

Publié le : 19/05/2024 - 09:38

4 mn

Ils l'ont appelé "Ahramat", ce qui veut dire "pyramide" en arabe. Un choix logique, considérant que ce bras disparu du fleuve Nil qu'une équipe de chercheurs internationaux vient de redécouvrir, longe les sites de plus de trente pyramides égyptiennes, dont celles du célèbre site de Gizeh en Égypte.

La trouvaille, détaillée dans un article publié jeudi 16 mai par la revue scientifique Nature, permet de lever en partie le voile de mystères entourant la construction de ces édifices funéraires de l'Égypte antique.

De Gizeh à la nécropole de Licht

L'équipe de scientifiques, emmenée par la géologue égyptienne Eman Ghoneim de l'Université de Caroline du Nord (États-Unis), a eu recours à la fois à des images satellite et à des vérifications sur le terrain pour déceler les traces d'Ahramat.

Ces travaux leur permettent d'affirmer qu'en lieu et place du désert qui caractérise cette région aujourd'hui, il y avait un cours d'eau d'environ 64 km de long et de 200 à 700 mètres de large. Il y a plus de 4 500 ans, ce bras du Nil longeait notamment Khéops, Khéphren et Mykérinos à Gizeh, tout comme la nécropole de Licht, beaucoup plus au sud. 

© France Médias Monde

L'existence confirmée du canal Ahramat explique pourquoi les Égyptiens ont choisi de concentrer dans cette région la construction de 31 pyramides sur une période d'un millier d'années. En effet, "trouver ce canal [...] aide vraiment à comprendre comment les pyramides ont pu être construites", a affirmé à la BBC Suzanne Onstine, l'une des scientifiques ayant participé à ce projet. 

Égyptologues et archéologues supposent depuis longtemps qu'il devait y avoir un cours d'eau non loin de tous ces sites. Comment transporter, sinon, les énormes blocs de pierre depuis les carrières jusqu'aux lieux de construction ? Le défi logistique d'acheminer ces matériaux pesant des tonnes depuis des ports situés sur le Nil, à plusieurs kilomètres, paraissait difficilement surmontable pour la civilisation antique en Égypte.

Disparition millénaire

Certains indices suggèrent très clairement qu'il devait y avoir une voie fluviale à proximité immédiate des pyramides. "On a trouvé des traces archéologiques de l'existence de ports sur le site de pyramides", affirme Roland Enmarch, égyptologue à l'université de Liverpool. La découverte, en 2013, "du journal de Merer, qui est un carnet de bord des équipes acheminant les blocs de calcaire vers Gizeh, atteste que le transport était fait par voie fluviale", ajoute Nicky Nielsen, égyptologue à l'université de Manchester. 

Malgré les efforts, la réalité d'un cours d'eau jouxtant ces édifices n'avait jamais pu être confirmée jusqu'à présent. Le temps et les activités humaines sont passés par là. Le climat s'est en effet réchauffé il y a environ 4 200 ans et des tempêtes de sable ont fini par assécher et enfouir ce bras du Nil.

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Et aujourd'hui, "c'est devenu une zone touristique très animée et construite", souligne Nicky Nielsen. Difficile de mener sur place de vastes chantiers d'excavation dans l'espoir de tomber sur d'éventuelles traces d'un cours d'eau.

D'où l'intérêt de ce que Roland Enmarch appelle "l'archéologie spatiale". Le recours aux images satellites "permet de délimiter une zone précise où effectuer ensuite des travaux archéologiques ciblés afin de confirmer les observations depuis l'espace", explique le scientifique. 

La technologie a donc permis de révéler ce que les actions humaines avaient contribué à effacer. Cette découverte représente "une pièce du puzzle de la construction des pyramides", souligne Roland Enmarch.

Le mystère des pyramides, encore et toujours

Pour cet expert, "on a maintenant une idée assez précise de l'aspect logistique de la construction des pyramides". Mais la découverte d'Ahramat ne clôt pas le grand livre des mystères des pyramides pour autant. L'article de Nature ne dit rien, notamment, sur la manière dont ces blocs ont été empilés pour ériger ces tombeaux pour pharaons. "On se doute qu'il devait y avoir des rampes, mais on ne sait pas du tout comment elles fonctionnaient", précise Roland Enmarch.

L'existence de ce bras du Nil n'est pas seulement importante pour comprendre la construction des pyramides. Le tracé de ce cours d'eau pourrait permettre d'établir une carte aux trésors archéologiques. "Cette découverte confirme que l'environnement dans cette région était radicalement différent à l'époque, ce qui a des conséquences en termes d'installations humaines", explique Nicky Nielsen. 

Les cours d'eau attiraient les populations et les archéologues pourraient trouver de nouveaux vestiges aux abords de ce bras du Nil. Pour Nicky Nielson, de nouveaux sites "d'importance historique et touristique" vont peut-être voir le jour maintenant qu'on sait mieux où chercher.

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